Aux parures
africaines tête toujours voilée, elle est une passionnée des relations entre
art de la mode et architecture. Architecte-chercheur, elle à une analyse
pointillée des théories de l’architecture qui lui permette de produire des Projets aux dimensions internationales.
''L’environnement
m’inspire : la nature de par son équilibre et l’Homme de par sa
singularité et sa complexité. Créer de l’émotion et des sensations au travers
de l’architecture est véritablement une source de motivation. En plus
l’architecture bioclimatique ouvre la voie à de nombreuses possibilités même
dans notre contexte actuel.''
Fille d’un
papa encadreur de jeunesse et d’animation, aujourd’hui en retraite j’ai eu une
enfance très joyeuse et épanouie grâce à toute son attention et surtout sa
disponibilité. Comme j’aime à le dire il était toujours présent pour nous des 17 hr à la maison à
l’exception de ses périodes de voyage. Maman quant à elle nous a chouchouté par
toute son affection, puisque maman à tout faire et qui sait tout faire ; elle a toujours eu un droit de regard sur ma
vie et celle de mes deux sœurs. J’ai ainsi grandi dans la plus belle ambiance
possible sous le regard de l’éternel des armés, le seul vrai Dieu grâce à qui à guéri ma mère d’une maladie dont les
médecins n’arrivaient pas à trouver de réponse.
Mon
parcourt scolaire a été des plus riche car ayant effectué mes études
maternelles à Yaoundé, les études primaires à Bafoussam et les études
secondaires à Bamenda. J’ai pratiquement effectué un parcourt sans fautes nu
été l’échec au baccalauréat 2010 qui a véritablement forgé mon caractère et ma
détermination. Moi qui n’avait jamais échoué et qui prenait tout pour acquis
surtout dans le domaine académique.
Dieu
veillant, j’ai réussi le concours de l’institut des beaux-arts de Foumban
filière architecture en 2011 et en septembre 2017 j’ai obtenu mon diplôme
d’architecte haut les mains. Et depuis cette période je travaille chez chorus
architecture, centre de recherche en architecture basé au Cameroun dont je suis
Co fondatrice…
Avez-vous des passions ? si oui lesquels ?
L’architecture,
le design (valoriser des espaces,
parfois même les plus improbables)
le recyclage, le bricolage, la mode, la couleur et la danse…
L’Homme est particulier, et
l’ensemble des communautés dans lesquelles il réside engendre de la diversité.
C’est mon véritable moteur : la reconnaissance de la pluralité ; Je
hais l’assimilation et les styles
Mais actuellement
ce qui me tient à cœur c’est le « women empowerment » et
particulièrement la capacitation de la jeune fille. Il y’a beaucoup de faille dans l’éducation de la
jeune fille africaine. Ce qui a pour principale conséquence le complexe
d’infériorité : manque de confiance en soi, auto rabaissement personnel et
voir même par la société.
Cette année (2018) avec Chorus, nous avons
lancé le mouvement « i am crowned, and You » qui avait et a pour objectif
principal la capacitation de la jeune fille et de la femme africaine. Ceci m’a valu le surnom de « la go au
foulard », car pour moi mon foulard est ma couronne ; je me dois de
la porter fièrement. Mon rêve serait que les femmes africaines puissent autant
aimer si non plus leurs cheveux crépus, leurs foulards comme elles le font avec les greffes brésiliennes, péruviennes,
indiennes et autres.
Comment avez-vous ressenti l’appel à faire ce métier?
J’exerce le
métier d’architecte aujourd’hui principalement grâce à mon père qui de par ses
recherches à identifier cette formation qui m’a tout de suite séduite. En effet
après l’obtention de mon baccalauréat C (mathématiques et physiques), j’étais assez indécise quant à mes études
universitaires. Comme je le disais à cette époque j’avais les capacités et le
profil pour pratiquement toutes les filières mais rien ne m’intéressait jusqu’à
ce que j’entende parler d’architecture.
C’est ainsi que je me lance dans l’aventure qui me permet d’exercer le
plus beaux métier du monde…
Dans quelles conditions c’est déroulé votre
formation (aspect positif / négatif)?
Ma formation à l’institut des
beaux-arts de Foumban, s’est déroulée dans des conditions très difficiles mais
très enrichissantes dans l’ensemble. Faisant partie des premières promotions
d’architectes formés au Cameroun,
c’était pas du tout facile en terme d’infrastructure. Néanmoins je suis
très fière de la formation que j’ai acquise dans cette école riche en
potentialité et en filière.
Je ne déplore que le fait que très peu
d’enseignant en architecture n’ ont aucune base en pédagogie, ce qui rend la
transmission du savoir très difficile et compliqué. C’est d’ailleurs cette
réalité qui me pousser à me fixer l’objectif de devenir enseignante
d’université et de développer une technique d’enseignement propre à
l’architecture. Je suis d’ailleurs sur la bonne voie puisque je suis
actuellement doctorante (PHD)…
Les moments marquants de votre formation ?
Les
premiers moments marquants de ma formation ce sont mes premiers dessins
techniques avec le rapidograph. Il s’agissait en effet, d’un devoir ou il
fallait dessiner à différentes échelles plusieurs murs de 10, 15 et 20. Oh ce
fameux devoir m’a fait couler les larmes sérieusement, mais c’était un défi que
j’ai relevé et qui m’a permis de réellement maitriser le dessin technique qui
m’était jusque-là inconnue. Comme autre moment marquant de ma formation je
pense qu’il est important de parler de ma première présentation de projet en
public, c’était un moment très particulier dans ma vie. En effet j’avais
tellement bien dessiné mon projet que l’enseignant n’arrivait pas à croire
qu’une fille qui n’est pas passé par le lycée technique réussisse à effectuer
de tel rendu après seulement quelques mois de cours. J’ai été outré par cet
injustice puisque l’enseignant avait décréter sans preuves que j’avais demandé
à un garçon de faire mon devoir à ma place, il m’a ainsi donné un 08/20 malgré
le fait que mon travail méritait plus que ça. Outré par son accusation je décide
d’effectué un dessin en classe à
l’instant pour prouver que le travail était bien le mien. Malheureusement même
avec le dessin que je venais d’effectuer et la satisfaction du professeur en
question et celle de toute l’assemblé ma note ne fut pas changer. Je suppose
que c’était la fierté masculine.
Ces deux
expériences m’ont amené à travailler deux fois plus dure que les autres (filles
et garçons) afin d’être sur d’être une bonne architecte d’abord et une femme
par la suite. Cette détermination m’a permis d’être parmi les premières sinon
la première architecte de notre école à avoir obtenu mon diplôme en
n’effectuant que deux années en master ce qui jusque-là n’était pas chose
aisée.
En somme ma formation par la grâce de Dieu a été très enrichissante et a
contribué à faire de moi la femme pleine d’ambition que je suis aujourd’hui.
Depuis quand exercez-vous ce métier, et comment étaient
les débuts?
J’ai bien
envie de dire depuis toujours puisque cela semble faire une éternité, mais en
réalité cela fait un an à peine que j’exerce ce formidable métier chez Chorus
en tant que directrice design. C’est une aventure très intéressante dans la
mesure où mon entourage me décrit comme étant une personne très pragmatique ;
J’ai ainsi la possibilité de concrétiser la plupart de mes idées et de
travailler sur plusieurs sujets en même temps.
Combien de projets avez-vous déjà menés ?
J’ai déjà mené de nombreux projets, je pense que celui qui m’a véritablement
fait sortir de ma zone de confort c’est mon projet de fin d’étude intitulé :
problématique des marchés à Douala, conception d’un marché écologique
spécialisé en friperie vestimentaire dans les containers. Ce projet écologique
avait pour concept de base la valorisation des déchets par les déchets, dans ce
sens où la friperie vestimentaire est constitué de vêtements déjà portés qui se
retrouve dans un marché fait de container maritime dernier voyage eux aussi
considérer comme déchets dans le transport maritime. A cet élément froid et
rigide qu’est l’acier corten, nous avons ajouté des fibres végétales et en
particulier le bambou afin de créer un ensemble équilibré « acier vert –
acier corten ».
Un autre projet dont j’aimerai parler c’est un immeuble d’habitation à
Douala. Ce projet est un bloc architectonique qui capture l’âme du site et
valorise celui-ci, ce en s’intégrant dans une allure à mi-chemin entre
minimalisme et symbolisme. Les espaces fonctionnels ont été rigoureusement
agencés tel que prescrit par le maitre d’ouvrage délégué.
En effet, un projet d’architecture ne se termine en réalité jamais,
puisque l’architecte est toujours en train de faire évolué le travail, à l’améliorer
même après la construction je me pose toujours des questions, et si j’avais mis
tel élément à la place de celui-ci ? Et si…
Comme l’a dit quelqu’un l’architecture c’est un combat perpétuel ;
et le doute ne quitte jamais l’architecte en fait c’est ce qui fait sa force.
Comment trouvez-vous l’architecture de la ville ou
vous êtes ?
Concernant
l’architecture de la ville de Yaoundé où je me trouve maintenant et partant
celles de toutes les grandes villes du Cameroun, je n’ai pas grand-chose à dire
si ce n’est tout est à refaire. En dehors de quelques édifices qui méritent de
rester pour des raisons de conservation de patrimoine, beaucoup trop de chose
sont à refaire. Ce n’est pas du tout impossible loin de la, cela ne dépend que
de la volonté politique puisque l’état camerounais à décider de former des
architectes et ingénieurs, je pense qu’il est temps d’utiliser cette main
d’œuvre jeune et dynamique qui ne demande qu’à servir. Prenons exemple sur le
Rwanda
Quels sont les difficultés rencontrées dans
l’exercice de votre profession ?
Les
difficultés rencontrées dans l’exercice dans cette profession d’architecte au Cameroun sont énormes je pourrai écrire un
livre comme réponse à cette question, je prefaire juste lister les difficultés
principale pour moi :
-
la méconnaissance du travail de l’architecte, nous
sommes plus perçus par la population comme étant des dessinateurs encore que ça c’est pour ceux qui se disent un peu averti.
-
Tout le monde se déclare architecte au Cameroun :
ingénieurs, topographes, géomètres, infographiste, techniciens, maçons… C’est
un véritable fourre-tout où même le
camerounais qui a la volonté de consulter une véritable architecte ne se retrouve
pas toujours devant la bonne porte. Et concernant ce problème je suis désolé de
devoir pointer un doigt accusateur sur nos ainés architectes de l’ONAC qui se
sont laisser infiltrer par des brebis galeuses qui ont posé leur signature
sensé être si précieuse sur des projets qui ne respectaient aucunes normes
recevant ainsi en contre parti quelques billets. Sinon expliquer moi pourquoi
nos villes sont si peu attrayantes, que dis-je nos villes sont invivables et
pourtant bon nombre de projets construits porte la signature d’un architecte.
Chers ainé, il est encore temps de mener le bon combat, luttons ensemble pour
la revalorisation de la profession d’architecte au Cameroun pour une véritable émergence.
-
Comme autre problème qui minent réellement ce métier
c’est le fait que beaucoup de personne y compris mes confères architectes
pensent que l’architecture = rendu 3D. Je ne refuse pas que c’est un élément de
matérialisation de la pensé d’un architecte. MAIS SOYONS CLAIR L’ARCHITECTURE
C’EST BEAUCOUPL PLUS QUE CA. Ne tuez pas le concept, au profit du commerce.
-
Autre difficulté pour moi serait le fait d’être jeune,
eh oui certains nous traite de fer de lance de la nation mais en réalité être
jeune dans notre contexte veut dire « ne rien connaitre ». On vous
demande de l’expérience, sans vous donner l’opportunité de pouvoir en acquérir
en travaillant sur de véritable projet : quel paradoxe et ceci dans nos
pays n’est pas le propre à l’architecture, c’est partout pareil.
-
Le fait d’être en plus une personne de sexe féminin
n’arrange pas du tous les choses.
-
Comme difficulté technique, le manque d’audace des ingénieurs
camerounais ne donne pas réellement la possibilité aux architectes qui en ont l’opportunité de réaliser leurs idées ;
et de véritablement s’exprimer. L’utilisation de matériaux et de techniques de
construction qui ne se limite qu’à une poignée ne donne pas également de grandes
possibilités.
-
Le manque d’industries de fabrication de matériaux de
construction bio sourcés rendent difficile la matérialisation de l’architecture
bioclimatique qui est l’avenir, et la seule véritable solution pour le
rééquilibrage des écosystèmes.
-
Pour terminer je parlerai des clients qui ne nous
rendent pas toujours la tâche facile surtout parce qu’ils ne veulent pas nous
laisser faire notre travail comme il le faut.
Comment les surmontez-vous ?
Je surmonte
ses difficultés par beaucoup de travail et par la détermination que les choses
vont changer. Grace a tous mes alliés de chorus (Cédrix, john Joseph, Gaithan,
David, Thierry, Gaithan, Jacky,Jed, père Ouakam, Lionel et tous les autres). je pense que petit à petit nous allons
considérablement contribuer à redresser la situation au tant que faire ce peux.
Grace au professionnalisme que nous exerçons et aux différentes conférences,
ateliers que nous organisons pour
discuter sur ces problèmes. Surtout
éduquer et éveiller l’esprit des populations sur des éléments clés; mettre la main à la pâte,
bouger les lignes.
Parlez-nous de votre meilleur projet ?
Je ne
saurais parler d’un projet en particulier et l’étiqueté en tant que meilleur
projet. En réalité le projet ne se termine jamais c’est une perpétuel évolution.
Et de projet en projet on acquière de la maturité mais le doute ne nous quitte
jamais.
Actuellement
je travaille encore pour avoir un projet réellement abouti où j’y aurai mis un
peu de mon être. Qu’à cela ne tienne chaque sourire visible sur les lèvres de
tous les clients qui sont satisfaits de notre travail élève immédiatement tout
projet au rang de meilleur.
Comment sont vos rapports avec vos
confrères ?
Entre mes confrères
architecte formés au Cameroun et moi, je pense qu’il règne une ambiance très
conviviale. Bien que n’ayant pas toujours la même vision concernant
l’architecture nous vivions les mêmes réalités et nous nous serons les coudes.
Quand à nos confrères ainés
membres de l’ONAC, j’entretiens avec eux un rapport très distant en dehors de
la poignée qui considère que nous jeunes architectes formés au Cameroun nous
pouvons également apporter une pierre pour la construction de l’édifice.
Avez-vous un modèle dans le métier ? si oui qui
est-ce ? et pourquoi?
Bien sûr que j’ai des modèles dans ce
métier, je commencerais par parler de celui qui est beaucoup plus proches de
moi, lui qui a su me tenir par main et m’aider à aller plus loin, lui dont
j’admire la force de caractère, l’assurance et la détermination. C’est un jeune
architecte qui va certainement aller loin grâce au travail qu’il effectue. Très
perfectionniste et exigeant, il sait toujours comment te faire repousser tes
limites. Il s’agit du CEO de Chorus architecture, M. Tsambang Fokou Stève
Cédrix sans qui je ne serai l’architecte que je suis aujourd’hui, autre fois
camarade de classe, aujourd’hui collègue, éternel meilleur ami et demain bien
plus…
Comme
autre modèle je ne peux oublier l’architecte Ouakam Guy, qui nous pris sous son
aile et n’a cessé de m’encourager moi particulièrement et de me réconforter pendant
les moments difficiles. Je prie pour avoir autant de force et de détermination
à son âge. Sa volonté d’apprendre et de transmettre représente un véritable
exemple pour moi.
J’ai
un autre modèle si loin mais si près en même temps, il s’agit de l’architecte
Manuel fournier qui nous guide dans le choix que Chorus a fait de s’aventurer
sur le chemin de l’architecture bioclimatique. Je n’oublierai pas de parler de
plan Africa ou d’Herman Kanté qui sont des exemples à suivre.
Qu’est-ce qui vous inspire et vous motive ?
L’environnement
m’inspire : la nature de par son équilibre et l’Homme de par sa
singularité et sa complexité. Créer de l’émotion et des sensations au travers
de l’architecture est véritablement une source de motivation. En plus
l’architecture bioclimatique ouvre la voie à de nombreuses possibilités même
dans notre contexte actuel.
Avez-vous un message à passer à nos lecteurs, ou à nos
dirigeants ?
Le message
que je souhaite passer au lecteur est celui-ci ; l’architecte a tout sa
place dans le contexte camerounais. Faites-nous donc confiance car sans vos
besoins ; il y a pas véritablement architecture. Rentabiliser et sécuriser
vos investissements en passant par un architecte.
A nos
dirigeants, je demande juste de prendre exemple sur les autres pays africain
qui font la différence afin de faire
mieux que ceux ci ; ce n’est pas impossible de changer les choses au
Cameroun.
Nous vous remercions pour ce moment accordé à PEARLs et nous vous souhaitons le meilleur dans l'exercice de votre profession.
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