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Cette semaine allons découvrir la styliste-modeliste CHIKOU MBIANDA Yvy Gisleine

C’est une perle rare, l’une des premières stylistes-modélistes formée par l’Etat du Cameroun.
''Ce qui m’inspire c’est l’environnement culturel dans lequel j’ai grandi, mes lectures, les rencontres.
Ce qui me motive, c’est ma famille et l’espoir qu’un jour les gens pourront comprendre notre apport pour la mise en place de la mode au Cameroun.''




J’ai fait mes études primaires à la gendarmerie mobile de Yaoundé. Après mon CEPE je suis allé au Collège Jeanne ALEGUE MESSI où j’ai eu mon CAP en Industrie d’Habillement (IH). Dès lors j’ai décidé d’accélérer le côté professionnel en suivant des formations en couture dans les ateliers. C’est ainsi que je commence chez DEJOLI COUTURE au Carrefour EMIA où pendant deux ans je me familiarise avec les techniques de couture en général. Je passe également une année chez Maitre WAMBA, le spécialiste des vestes, pour acquérir l’excellence de la couture pour homme. Après ces trois années à me former, j’ai décidé d’ouvrir mon atelier au quartier Biyem-Assi Lac (Yaoundé) où j’ai exercé pendant trois ans. Je me suis senti ensuite à l’étroit, j’ai énormément eu envie de progresser, j’ai décidé de repartir à l’école. Je me suis inscris au concours d’entrée au collège Saint Esprit de Douala dans la classe Brevet Professionnel Flou 1 dans le but d’acquérir des nouvelles techniques de couture. Je suis admise et après trois ans j’ai eu mon Baccalauréat en BP Couture Flou en 2009. Passionnée d’étude, j’enchaine avec le concours de l’Institut des Beaux-Arts de Foumban qui vient d’ouvrir ses portes en 2010. Je me retrouve dans la toute première promotion de la filière stylisme, modélisme et arts textiles. Après une licence en 2013, je suis une formation internationale de six mois en 2015 dans le FORUM des Métiers de la Mode organisé chaque année par Le CCMC, et cette même année je soutiens mon master en Stylisme modélisme. Depuis, je suis installé à mon propre compte.

Avez-vous des passions ? 

Oui, j’aime les voyages, la danse, la lecture, le cinéma

Comment avez-vous ressenti l’appel à faire ce métier?
Une fois, encore à l’école primaire, ma mère faisait de la broderie sur la literie pour des futures mamans, j’ai réussi à dépiécer sa machine et à la remonter. Cela a commencé à me captiver.

Dans quelles conditions s’est déroulée votre formation ?
Dans une très belle ambiance, j’ai trouvé une famille à l’IBAF. Je me suis intégré dans plusieurs club (Danse, Théâtre, Stylisme, Arts plastiques). Nous avons touché à tous les arts (danse et chorégraphie, théâtre, peinture, sculpture, dessin) sous l’encadrement d’un grand maitre Pascal KENFACK.

Les moments marquants de votre formation ?
J’ai été marquée par notre première participation aux Jeux Universitaires de Dschang en 2011. Nous étions alors au four et au moulin, dans une sorte de stage bloqué. Il fallait préparer la première collection de l’IBAF, coudre les tenues de la troupe de musique et de danse retenues pour l’hymne d’ouverture des Jeux. Puis nous avons le festival culturel NGUON 2010 où j’ai participé à la parade d’ouverture. J’ai également participé au festival AFRIC COLLECTION 2012, un évènement international de mode organisé à Douala.

Depuis quand exercez-vous ce métier, et comment étaient les débuts?
Sur le terrain, j’ai ouvert ma structure à la maison en 2015, depuis 2018 je me suis installé dans la ville de Foumban, dans un atelier complet.

Combien de projets avez-vous déjà menés?
AFRIC COLLECTION où j’ai participé dans une collection collective de l’IBAF sur le MAGHREB
Le FORUM des Métiers de la MODE 2015 où, dans une équipe de trois FOCHIKUE, nous avons réalisé une collection de 15 tenues et nous avons gagné le deuxième prix.
En Novembre 2018, j’ai réalisé une collection, dans le cadre de l’exposition « Femmes Fortes » à BANDJOUN STATION, intitulée « Les Filles de paix » présentée devant le public et particulièrement l’ambassadeur de France au Cameroun. Il s’agit d’une collection qui s’inspire de la danse ku’ngang de Bamena.




Comment trouvez-vous la mode dans la ville ou vous êtes ?
Foumban au Cameroun représente la Cité des Arts, on y retrouve presque toute la chaine des artisans qui peuvent aidés dans le domaine de la mode. La ville est dominée par la culture musulmane, ce qui fait qu’on a une forte tendance vers les vêtements pagnes, boubous, gandoura. Mais avec le festival bisannuel NGUON, on a désormais un fort brassage des populations.

Quels sont les difficultés rencontrées dans l’exercice de votre profession ?
Pour réellement faire ce métier, il faut s’associer car la mode est une chaine ; mais sur le terrain nos confrères sont trop individualistes. Chacun se renferme dans son petit coin et veut résoudre tous les problèmes. Lorsque tu as besoin d’un excellent travail, il est très difficile de trouver la main d’œuvre de qualité. Il y a un réel besoin de formation qualifiante dans les métiers de la mode.

Comment les surmontez-vous ?
Sur le terrain, lorsque j’ai un projet j’associe toujours la personne ou les personnes qui peuvent m’accompagner. Je partage mon expérience tout le temps en admettant les stagiaires dans mon atelier. Ce qui me permet de former une main d’œuvre de qualité que je peux solliciter en cas de besoin.
Parlez-nous de votre meilleur projet ?
Mon meilleur projet, je pense l’avoir réalisé pour l’évènement qui a eu lieu à Bandjoun Station en novembre 2018. Il s’agissait de l’exposition « Femmes Fortes » dans laquelle j’ai présenté une collection de 10 tenues femmes intitulées « Les Filles de paix ». Pour faire cette collection, je me suis inspirée de la symbolique de la danse Ku’ngang de l’ouest Cameroun qui est un instrument de purification de la société. Dans la réalité les femmes ne sont que des observatrices, dans le cadre du projet elles sont devenues des actrices. La protectrice est devant, elle affronte les dangers, elle combat la mort avec la mort (couleur blanche). Elle accepte de souffrir (couleur noire) pour apporter la vie (couleur rouge). Elle est suivie par son équipe de 09 personnes pleines de vie (rouge, bleu et ocre terre) encadrées au début et à la fin par des personnages puissants qui apportent la joie du vivre ensemble.




Comment sont vos rapports avec vos confrères ?

Pas mal, vous-même vous savez que l’homme est divergeant et ondoyant, donc on apprend à accepter les autres, les comprendre et les supporter. Donc, beaucoup de collaboration et d’échanges dans le cadre professionnel comme des ateliers, des formations, des séminaires, des conférences, des partenariats.

Avez-vous un modèle dans le métier ? 
Je dirais qu’au Cameroun, j’ai été marqué par le travail d’Imane Ayissi qui m’a beaucoup donné dans le cadre des formations. Son caractère humain et son amour pour la perfection est un exemple.
En Afrique, J’aime beaucoup Pathé’O, car son travail est très épuré et son apport pour la mode africaine est indéniable, car il a habillé le Président Mandela et valorise le pagne tissé.

En Occident, le travail de Karl Lagerfeld m’a beaucoup touché, car tous ses défilés sont hautement conceptuels.


Avez-vous un message à passer à nos lecteurs, ou à nos dirigeants ?

La mode est mouvement, manière et vêtement, ce qui veut dire qu’elle embrasse presque toute la société. Cependant, nous sommes plus des suiveurs que des faiseurs de mode. Mon souhait, c’est que dans mon pays qu’on puisse faire confiance aux artistes qui apportent quelque chose pour bâtir l’édifice mode en pleine construction.



Habillage miss Nguon 2018



Nous vous remercions pour ce moment accordé à PEARLs  et nous vous souhaitons le meilleur dans l'exercice de votre profession.




Commentaires

  1. Bravooooo ma tata CHIKOU IVI nous sommes de tous coeur avec toi puisse l'éternel continuer de te guidé😙😙

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  2. Bravo ma mère et beaucoup découragé

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