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Passez d'agréables festivités de la Paques et allons découvrir l'architecte Georges MOLUH NJIFEN


Mon inspiration je la tire du conflit. Ça parait peut-être bizarre mais j’aime bien obtenir comme résultat au terme de mon travail un volume choquant. J’aime aussi mettre en évidence les contrastes et les dualités.

Je suis le 2ème d’une famille recomposée et je suis fier de toujours pouvoir compter sur chacun en cas de besoin surtout sur mon père Mr Moluh Thadée ex employé (Comptable) retraité à CAMTEL, pour qui il n’a pas toujours été facile de redresser la tête dure que j’étais.
Je fais mes premiers pas scolaire à l’École maternelle de la CNPS à Tsinga. Après quoi je vais faire mon cycle primaire à l’École publique de Bastos. Mon parcours au niveau du secondaire quant à lui sera plus agité et je vais me voir aller d’établissements en établissements. C’est ainsi que j’obtiendrai mon BEPC au collège privée Montesquieu, mon probatoire C au collège privée Matamfen, et enfin mon Baccalauréat C au Lycée de la Cité-verte. Après mon BAC C, Je fais un virage à 180°et je vais m’inscrire en Fac. Lettre à la prestigieuse "université de Yaoundé 1" pour y faire Géographie. Après trois années je passerai avec brio le concours d’entrée à l’Institut des Beaux-Arts de Foumban Option Architecture. Je sortirai de là quelques années plus tard et je vais au passage effectuer quelques stages en cabinets d’Architecture. (Bureau des Arts Techniques Sciences et Design, cabinet d’Architecture Jean-Christophe Ndongo, Galdiano, etc.) Et des stages-ouvrier (Galdiano Entreprise espagnole de BTP, Ets ABC, etc.)

1-      Avez-vous des passions ? 
 
Comme tout jeune Camerounais et tout Architecte, j’ai une passion signifiante pour tout ce qui est beau et tout ce qui donne vie. Je fais aussi partie de ceux qui croient en le pouvoir de la foi. La foi en Dieux, la foi en soit même et la foi en des lendemains meilleurs.
C’est vrai que ça remonte à très longtemps mais quand je dispose d’un peu de temps je peux pratiquer les Arts martiaux (Jiu-jitsu) et j’aime regarder le Football.
Les Arts et l’évolution technologique me permettent de me mettre professionnellement à jour.

1-      Comment avez-vous ressenti l’appel à faire ce métier?
Je mentirai si je disais que j’ai toujours rêvé de faire l’architecture même si quelque part au fond de moi j’ai toujours été animé d’une envie de créer d’innover, de concevoir et d’accoucher de quelque chose de différent. En fait je ne connais le mot "Architecture" que d’orthographe jusqu’à ce qu’en 2010 je sois informé du lancement du concours d’entrée à l’IBAF en filière Architecture. Maintenant il m’arrive de me demander ce que je ferai si je n’étais pas architecte. Et la réponse qui me vient est que je serai malheureux. (Peut être agriculteur).

Dans quelles conditions s’est déroulée votre formation ?
Ma formation s’est déroulée dans un contexte particulièrement ambigu. Je faisais partie de la 1ère promotion d’étudiants architectes formés au Cameroun et à certains moments nous devions être autodidactes pour mieux nous en sortir. Néanmoins cette ambiguïté loin de me limité m’a forgé un caractère et une voie et m’a permis de dépasser mes limites non seulement entant qu’Homme mais surtout entant qu’Architecte. 

Les moments marquants de votre formation ?
Je peux citer quelques-uns mais la liste n’est pas exhaustive. Les architectes oublient difficilement les moments des charrettes (de 1ère et 2ème année). Quand vous veillez la plume dans une main, la gomme et la lame dans une autre et le voisin qui a déjà déchiré son calque, pour avoir une note toujours estimée insuffisante le lendemain, çà, ça ne s’oublie pas. Je me souviens aussi de la 1ère participation aux Jeux Universitaires du Club Architecture de l’IBAF que j’ai piloté en tant que président du Club, et aussi des évènementiels de l’IBAF.
  
1-      Depuis quand exercez-vous ce métier, et comment étaient les débuts?
Je m’intéresse au métier depuis mon entrée en école d’architecture. Mais jusqu’en 2017, je ne l’exerçais que comme apprenant. Comme professionnel, je suis à ma 2ème année d’exercice du métier. Les débuts sont comme dans tous les domaines, c’est-à-dire difficiles. Particulièrement dans un environnement parsemé d’autant d’obstacles. D’une part la difficulté dans l’application des règlementations ne permet pas une réelle insertion des architectes au profit des "usurpateurs" du métier, d’autre part le peu d’architectes inscrits à l’ordre en filtrent l’entrée. À côté de ça le gouvernement tarde à mettre sur pied une réelle politique d’insertion professionnelle des architectes en général et des Architectes formés au Cameroun en particulier.

1-      Combien de projets avez-vous déjà menés ?
Je ne compte plus les projets que j’ai déjà eu à concevoir. Ça part des habitations de type villa jusqu’aux Equipements Recevant du Publique (établissements d’enseignement supérieurs, hôpitaux, Bâtiments bureaux,  aires de jeux et de détente, complexes sportifs, etc.) en passant par les logements socio-collectifs, les projets d’aménagement et de protection environnementale, et surtout ce que j’aime le plus les restaurations. J’ai certes eu l’occasion et l’honneur de réaliser certains parmi, mais jusqu’ici je suis à la recherche du "projet de l’architecte". Ce chef d’œuvre reconnu par mes pairs qui me construira une identité réelle d’architecte.


Comment trouvez-vous l’architecture de la ville ou vous êtes ?
Pour être sincère je dirai "précaire". Et ça c’est avec tout le respect. Je trouve que l’architecte n’a pas la place qui est la sienne dans le processus de développement au Cameroun. Son rôle est usurpé et les résultats sont claires et peu reluisants. D’un côté on fait face à une urbanisation spontanée due à un boom démographique et à une forte concentration de la population dans les métropoles, avec tous les problèmes qui vont avec. Et de l’autre on a les architectes qui donnent l’impression de se comporter en victime résignée face à cette situation. Pour citer un célèbre penseur, "Il n’y aura de paix dans la cité que lorsque les philosophes seront rois ou les rois philosophes." Comme quoi l’architecte devra être rétabli dans son droit le plus absolu pour que l’on commence à parler sérieusement d’Architecture au Cameroun. Néanmoins je prends acte et félicite les efforts de nos ainés pour qui la tâche n’a certainement pas été facile.

Quels sont les difficultés rencontrées dans l’exercice de votre profession ?
La même (ou presque) que celles de tous les architectes. C’est-à-dire :

-Une absence quasi-totale de méritocratie. Près de 95% des marchés publics ne sont plus passés par concours ouverts. Le génie des architectes se voit donc disparaitre au profit des pots de vins. Les bâtiments se font certes construire mais le jeu étant truqué à la base il s’en suit un enchaînement de problèmes et nous n’avons d’autre choix que de les subir au quotidien. 

-Une règlementation faite pour les tiroirs. On ne le dira jamais assez les textes de loi rédigés par les Camerounais sont parmi les meilleurs. Malheureusement entre ces textes et leur application sur le terrain il y a encore du chemin à faire ; je dirai même beaucoup de chemin. 

-L’architecte au Cameroun est devenu un luxe. S’il est un secteur qui est et qui sera toujours en mutation, c’est celui de l’immobilier. Malheureusement c’est aussi l’un des plus gangréné par la corruption. L’un des antidotes capable de soigner ce venin mortel pour la profession au Cameroun serait sans aucun doute LA CONSCIENTISATION. Amener les usagers à comprendre que l’architecte n’est pas un choix réservé aux plus nantis est une pilule encore très difficile à avaler par tous.
J’ai récemment eu l’occasion de faire un tour à Istanbul (Turquie) et en échangeant avec les confrères de ce côté j’ai découvert que cette merveilleuse cité qui aujourd’hui s’impose parmi les géants est le fruit d’un réveil des gouvernants qui date de moins de 20 ans. Je pourrai tout aussi bien citer les cas d’autres villes en Afrique comme le Sénégal ou le Rwanda pour ne citer que ceux-là, dont les projets urbains en cours de réalisation présentent un réel engagement des gouvernants.
1-      Comment les surmontez-vous ?
En un mot je dirai "la foi".
Je crois en Moi et Je m’engage et m’efforce de croire en la sincérité de tous ceux qui m’entourent même si ça peut parfois paraitre naïf dans un contexte aussi biaisé.
Je crois que chaque jour en plus d’être meilleur que le précédent est un don et pour cela, je me dois de tout entreprendre pour en profiter au maximum.

Parlez-nous de votre meilleur projet .
Comme on dit "la charité bien ordonnée commence par soit même". J’ai ressenti quelque chose de particulier en travaillant sur le projet de revalorisation du lac municipal de Foumban. Originaire du Noun et y suivant ma formation (dans le Noun), il ne pouvait en être autrement. Ce site qui prend de plus en plus une valeur patrimoniale du fait de sa situation géographique et même de son histoire méritait un hommage digne de ce nom au vu de son état de délabrement très avancé. Un sujet que j’ai choisi de traité en projet de fin d’étude pour être sûr de ne rien manquer, et j’ai été récompensé au-delà de mes attentes.
Ce projet présentait plusieurs grands ensembles de bâtiments et j’ai choisi de marquer un temps d’arrêt sur deux. Le centre aquatique, et les espaces commerciaux. Le premier est un bâtiment R-4 et puisque j’ambitionnais de sauver les espèces végétales et aquatiques je me suis inspiré du raphia qui est l’une des espèces qui a vu sa population considérablement diminuée avec la transformation de ce site. L’une des transformations de ce raphia les plus utilisées dans la localité étant les paniers de raphia, j’ai essayé de mettre en évidence ce concept et bien d’autres comme la fluidité, la noblesse etc.
Dans le second grand ensemble, j’ai voulu mettre en évidence sur le plan physico-mécanique la flottabilité de l’eau et sur le plan morphologique les acquis de la ville de Foumban que sont le Palais (patrimoine UNESCO), le bois (Foumban possède une grande réserve boisée), ses déchets plastiques, etc.
Au terme de ce projet qui avait un volet ingénierie aussi meublé que le volet architectural, j’ai trouvé un début de réponse dans le rôle et la place de l’Architecte en Ingénierie.





Comment sont vos rapports avec vos confrères ?
Je pense que j’ai toujours eu beaucoup de respect pour le genre humain particulièrement pour les confrères, et surtout qu’ils me le renvoient généralement. Je me suis toujours rendu disponible et je le serai toujours pour prêter main forte à un confrère dans la mesure de mes moyens. Je pense même que j’ai beaucoup plus appris en aillant le second rôle (c’est-à-dire en aidant pour un projet) qu’en ailant le premier.

Avez-vous un modèle dans le métier ? 
Pas un seul mais plusieurs et j’essaie de tirer un petit quelque chose de chacun pour construire mon identité architecturale.
Je pense par exemple à
-Kunlé Adéyémi, dont le travail sur l’école flottante m’a beaucoup inspiré,
-Mbouombouo Issofa, avec son architecture assez controverse du musée de Foumban,
-Francis kéré Diébédo, qui présente une architecture très adaptée à un environnement dit capricieux.
-Santiago Calatrava, pour son style particulier qui laisse élégamment apparaitre sa bivalence (Architecte et Ingénieur de génie civil).

 Qu’est-ce qui vous inspire et vous motive ?
Ma famille (particulièrement ma fille et sa mère) est ma bouffée d’oxygène. C’est elle qui me permet d’espérer et de me relever après chaque chute.
Mon inspiration je la tire du conflit. Ça parait peut-être bizarre mais j’aime bien obtenir comme résultat au terme de mon travail un volume choquant. J’aime aussi mettre en évidence les contrastes et les dualités. 

Avez-vous un message à passer à nos lecteurs, ou à nos dirigeants ?
A nos lecteurs je dirai tout simplement "NON L’ARCHITECTE N’EST PAS UN LUXE."
À nos dirigeants je dirai "La civilisation n'est pas un entassement, mais une construction, une architecture." Ne pas penser une ville et son organisation spatiale c’est planifier son déclin.










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